Avis et commentaire attendus.
Un casque noir. Ce sont bien eux. Ils débarquent depuis la crique.
Lentement je me retourne vers mes camarades. J'expire longuement. Nous sommes peu pour leur faire face. Mais nous devons quand même les retenir avant qu'ils ne souillent plus nos terres.
Ils doivent être une centaine. Un seul navire les a amenés jusqu'ici. C'est étrange. Ce doit être un pauvre fou qui tente une action d'éclat. En même temps nous ne sommes que vingt-huit, maintenant que Tylis et Aelor sont partis prévenir la garnison.
La surprise sera notre seul avantage, avec celui de connaître ce terrain comme notre poche.
Je prends une flèche dans mon carquois. Je l'encoche rapidement sur la corde de mon arc. Je regarde le sol, je me déplace d'une dizaine de mètres sur la gauche. En prenant bien garde de ne pas faire de bruit. Ils sont douze autour de moi, tous d'excellents tireurs capables de faire mouche à trois cent mètres.
Nous devons faire vite, ils sont déjà en rangs. Ils vont avancer. Un destrier à la robe sombre porte leur général.
Je sors un petit miroir de ma poche et, comme me l'ont appris mes maîtres, je fais jouer les rayons du soleil.
Les enfers peuvent arriver sur ce monde, nous leur ouvrons la porte.
Soudain seize flèches s'abattent sur le premier régiment. Trente soldats. Leur formation est brisée en douze endroits. Joli tir.
Le temps qu'ils se reprennent et nos archers sont loin. Nous sommes la seconde vague. Nous tirons puis nous nous replions. Et ainsi de suite.
Un d'entre eux domine le tumulte. Il crie plus fort, et chacun de ses mots me donne la nausée. Je bande mon arc, trois secondes, le temps de viser. Expirer. Lâcher la corde. La flèche part. Un quart de seconde plus tard leur sergent n'a plus de tête.
Un traître en moins, c'est toujours ça.
Mes camarades n'ont pas cessé de tirer. Il y a encore huit morts de plus.
La panique gagne leurs rangs. Je le sens d'ici.
Nous devons nous replier, apparemment ils ont compris qu'il leur faudra se dépêcher. Ils pressent le pas. Un reflet de miroir arrive de l'autre côté du chemin emprunté par nos frères maudits. Lelyr qui m'indique un changement de stratégie. J'acquiesce avec mon miroir.
D'un signe je préviens mon groupe. Nous bandons tous nos arcs d'un seul coup. Et une pluie de flèche s'abat sur le régiment déjà meurtri. Aucun d'entre eux ne se relèvera.
Nous sortons alors précipitamment de notre couvert et nous nous replions directement sur la route. A notre vue nos ennemis oublient toute stratégie, ils nous courent après sans se soucier de rien, juste l'envie de nous tuer.
Ils sont vraiment grossiers.
J'aperçois devant moi les buissons qui signent l'endroit de notre disparition. Nous regagnons le couvert de la forêt tandis qu'ils avancent un tout petit peu trop.
Haryen, la Gardienne du Port libère sa colère. La baliste à répétition placée dans l'angle mort du tournant laisse libre cours à sa rage. Plus d'une vingtaine d'ennemis sont fauchés par ses traits dévastateurs.
Nous nous regroupons sur deux lignes près de la machine de guerre et de ses servants. La victoire nous est acquise.
Non… Je le sens, quelque chose ne va pas, malgré leurs pertes ils continuent d'avancer.
"Kharaidon !"
Ce mot lancé par nos ennemis provoque chez moi une fulgurante poussée de vomissements. Je ne suis pas le seul à m'effondrer de douleur. Un éclair noir perce les nuages, traverse le ciel de printemps et termine sa course sur Haryen. La machine de guerre explose en une multitude de fragments. Cinq Elfes rejoignent les cieux avec elle. Nous sommes à présent vingt-cinq, ils sont encore une quarantaine.
Les vomissements cessent alors aussitôt. Je regarde devant moi, en m'essuyant les yeux d'un revers de manche. Nos ennemis fondent sur nous.
Je m'empare précipitamment de mon arc. Je lâche deux tirs maladroits avant de dégainer mon épée.
La meilleure défense c'est encore l'attaque, plutôt que d'attendre, autant réagir. Je lève le bras et vingt-cinq arc sont lâchés. Vingt-cinq sabres sortent de leurs fourreaux. Et Vingt-cinq Elfes chargent un ennemi séculaire qui ne leur laissera aucune pitié.
Nous sommes perdus, leurs armures sont de bien meilleure facture que nos vestes de cuir.
De leur rangs jaillit leur chef, une lance dans les mains. Ilyad ne l'a pas vu venir, la lance le transperce en plein cœur.
Les lanciers adverses rencontrent nos lignes. Les épées s'entrechoquent. Le bruit du métal sur le métal. L'odeur du sang.
Je vise une gorge, la jugulaire. Là où la peau est à vif. Je plonge en avant et me rétablis d'une roulade. D'un coup de dague j'ouvre le crâne et envoie mon adversaire dans l'au-delà. Je me retourne pour faire face à un lancier, mon premier coup d'épée touche son bouclier. J'esquive sa lance d'un bond sur le côté. Je suis dans son dos, je frappe à l'horizontale. Je sens la colonne vertébrale qui se brise sous l'impact. Il tombe à terre, il me regarde, il ne demande pas pitié. Tant mieux, il n'en aurait eu aucune.
Tout autour de moi mes alliés se font massacrer. Nous ne sommes plus que huit, ils sont encore presque une trentaine.
Ils rompent soudain le combat. Ils nous encerclent.
"Kharaidon !"
A nouveau ce mot, je ne peux m'empêcher de vomir. J'entends leurs rires. Ils se moquent. Saletés.
Au fond de moi j'attends l'éclair, comme celui qui tua Haryen. Au moins je serai mort au combat.
Mais il n'arrive pas, je relève difficilement le regard. Leur chef est pris de tremblements. Il se tient la tête, il a jeté son casque à terre. Il s'écroule devant moi. Nous ne sommes pas à un mètre. La douleur s'arrête. Je tire ma dague de son étui, tout en restant discret, les Elfes Noirs autour de nous sont inquiets.
Ils s'avancent pour voir comment va leur général. Je profite qu'ils baissent leur garde. D'un coup sec je transperce le crâne de celui qui venait répandre la mort ici. Un sang rouge coule sur le sol sec de la forêt.
Je me retourne sur le dos, le sourire aux lèvres. Ils vont vouloir me torturer, ils ne pourront pas, je m'ouvre la gorge avec la même dague que celle qui a tué mon ennemi.
Maintenant qu'ils sont privés de chef, ils n'ont plus qu'à repartir, ou à attendre la mort ici. Quelque soit la solution qu'ils choisiront, elle ne sera plus un danger.
Dans un dernier soupir j'entends le bruit sourd de mes amis mis à mort. Une mort brève et rapide. Au moins ils n'auront pas souffert.
Mes yeux se ferment alors qu'au loin je suis sûr d'avoir entendu les renforts qui arrivent. Mes pauvres frères, si vous saviez comme nous pouvons faire mal nous aussi… "
Cacahuètement.
Hugo.
Un casque noir. Ce sont bien eux. Ils débarquent depuis la crique.
Lentement je me retourne vers mes camarades. J'expire longuement. Nous sommes peu pour leur faire face. Mais nous devons quand même les retenir avant qu'ils ne souillent plus nos terres.
Ils doivent être une centaine. Un seul navire les a amenés jusqu'ici. C'est étrange. Ce doit être un pauvre fou qui tente une action d'éclat. En même temps nous ne sommes que vingt-huit, maintenant que Tylis et Aelor sont partis prévenir la garnison.
La surprise sera notre seul avantage, avec celui de connaître ce terrain comme notre poche.
Je prends une flèche dans mon carquois. Je l'encoche rapidement sur la corde de mon arc. Je regarde le sol, je me déplace d'une dizaine de mètres sur la gauche. En prenant bien garde de ne pas faire de bruit. Ils sont douze autour de moi, tous d'excellents tireurs capables de faire mouche à trois cent mètres.
Nous devons faire vite, ils sont déjà en rangs. Ils vont avancer. Un destrier à la robe sombre porte leur général.
Je sors un petit miroir de ma poche et, comme me l'ont appris mes maîtres, je fais jouer les rayons du soleil.
Les enfers peuvent arriver sur ce monde, nous leur ouvrons la porte.
Soudain seize flèches s'abattent sur le premier régiment. Trente soldats. Leur formation est brisée en douze endroits. Joli tir.
Le temps qu'ils se reprennent et nos archers sont loin. Nous sommes la seconde vague. Nous tirons puis nous nous replions. Et ainsi de suite.
Un d'entre eux domine le tumulte. Il crie plus fort, et chacun de ses mots me donne la nausée. Je bande mon arc, trois secondes, le temps de viser. Expirer. Lâcher la corde. La flèche part. Un quart de seconde plus tard leur sergent n'a plus de tête.
Un traître en moins, c'est toujours ça.
Mes camarades n'ont pas cessé de tirer. Il y a encore huit morts de plus.
La panique gagne leurs rangs. Je le sens d'ici.
Nous devons nous replier, apparemment ils ont compris qu'il leur faudra se dépêcher. Ils pressent le pas. Un reflet de miroir arrive de l'autre côté du chemin emprunté par nos frères maudits. Lelyr qui m'indique un changement de stratégie. J'acquiesce avec mon miroir.
D'un signe je préviens mon groupe. Nous bandons tous nos arcs d'un seul coup. Et une pluie de flèche s'abat sur le régiment déjà meurtri. Aucun d'entre eux ne se relèvera.
Nous sortons alors précipitamment de notre couvert et nous nous replions directement sur la route. A notre vue nos ennemis oublient toute stratégie, ils nous courent après sans se soucier de rien, juste l'envie de nous tuer.
Ils sont vraiment grossiers.
J'aperçois devant moi les buissons qui signent l'endroit de notre disparition. Nous regagnons le couvert de la forêt tandis qu'ils avancent un tout petit peu trop.
Haryen, la Gardienne du Port libère sa colère. La baliste à répétition placée dans l'angle mort du tournant laisse libre cours à sa rage. Plus d'une vingtaine d'ennemis sont fauchés par ses traits dévastateurs.
Nous nous regroupons sur deux lignes près de la machine de guerre et de ses servants. La victoire nous est acquise.
Non… Je le sens, quelque chose ne va pas, malgré leurs pertes ils continuent d'avancer.
"Kharaidon !"
Ce mot lancé par nos ennemis provoque chez moi une fulgurante poussée de vomissements. Je ne suis pas le seul à m'effondrer de douleur. Un éclair noir perce les nuages, traverse le ciel de printemps et termine sa course sur Haryen. La machine de guerre explose en une multitude de fragments. Cinq Elfes rejoignent les cieux avec elle. Nous sommes à présent vingt-cinq, ils sont encore une quarantaine.
Les vomissements cessent alors aussitôt. Je regarde devant moi, en m'essuyant les yeux d'un revers de manche. Nos ennemis fondent sur nous.
Je m'empare précipitamment de mon arc. Je lâche deux tirs maladroits avant de dégainer mon épée.
La meilleure défense c'est encore l'attaque, plutôt que d'attendre, autant réagir. Je lève le bras et vingt-cinq arc sont lâchés. Vingt-cinq sabres sortent de leurs fourreaux. Et Vingt-cinq Elfes chargent un ennemi séculaire qui ne leur laissera aucune pitié.
Nous sommes perdus, leurs armures sont de bien meilleure facture que nos vestes de cuir.
De leur rangs jaillit leur chef, une lance dans les mains. Ilyad ne l'a pas vu venir, la lance le transperce en plein cœur.
Les lanciers adverses rencontrent nos lignes. Les épées s'entrechoquent. Le bruit du métal sur le métal. L'odeur du sang.
Je vise une gorge, la jugulaire. Là où la peau est à vif. Je plonge en avant et me rétablis d'une roulade. D'un coup de dague j'ouvre le crâne et envoie mon adversaire dans l'au-delà. Je me retourne pour faire face à un lancier, mon premier coup d'épée touche son bouclier. J'esquive sa lance d'un bond sur le côté. Je suis dans son dos, je frappe à l'horizontale. Je sens la colonne vertébrale qui se brise sous l'impact. Il tombe à terre, il me regarde, il ne demande pas pitié. Tant mieux, il n'en aurait eu aucune.
Tout autour de moi mes alliés se font massacrer. Nous ne sommes plus que huit, ils sont encore presque une trentaine.
Ils rompent soudain le combat. Ils nous encerclent.
"Kharaidon !"
A nouveau ce mot, je ne peux m'empêcher de vomir. J'entends leurs rires. Ils se moquent. Saletés.
Au fond de moi j'attends l'éclair, comme celui qui tua Haryen. Au moins je serai mort au combat.
Mais il n'arrive pas, je relève difficilement le regard. Leur chef est pris de tremblements. Il se tient la tête, il a jeté son casque à terre. Il s'écroule devant moi. Nous ne sommes pas à un mètre. La douleur s'arrête. Je tire ma dague de son étui, tout en restant discret, les Elfes Noirs autour de nous sont inquiets.
Ils s'avancent pour voir comment va leur général. Je profite qu'ils baissent leur garde. D'un coup sec je transperce le crâne de celui qui venait répandre la mort ici. Un sang rouge coule sur le sol sec de la forêt.
Je me retourne sur le dos, le sourire aux lèvres. Ils vont vouloir me torturer, ils ne pourront pas, je m'ouvre la gorge avec la même dague que celle qui a tué mon ennemi.
Maintenant qu'ils sont privés de chef, ils n'ont plus qu'à repartir, ou à attendre la mort ici. Quelque soit la solution qu'ils choisiront, elle ne sera plus un danger.
Dans un dernier soupir j'entends le bruit sourd de mes amis mis à mort. Une mort brève et rapide. Au moins ils n'auront pas souffert.
Mes yeux se ferment alors qu'au loin je suis sûr d'avoir entendu les renforts qui arrivent. Mes pauvres frères, si vous saviez comme nous pouvons faire mal nous aussi… "
Cacahuètement.
Hugo.