Hélène, Ma Douce Hélène
Tel un linceul noir, la nuit s'étend rapidement sur la petite citée, épaississant les ténèbres – les enrichissants d'un silence inquiétant, entrecoupé de craquement, de sifflements effrayant. Des milliers de chauves-souris s'éparpillent dans le ciel, formant un bal disgracieux . A terre, les pas léger comme ceux d'un chat, la silhouette aussi impénétrable qu'une obsidienne, il se fond dans la nuit, éthéré.
Les vieux gonds grincent lorsqu'il pousse les portes, le voile est levé sur sa personne, il se présente là où les morts reposent, avec une profonde déférence. Longeant les allées, effleurant les pierres tombales du bout des doigts, il rend hommage, il salue ceux qui sont là, silencieux. Il s'affaire ensuite, il faut creuser, la terre est fraîche, la pluie s'est éteinte, c'est le moment idéal.
Les vieux gonds grincent. Ce n'est pas le vent.
Tic, tic, tic. Ce tintement, comme une petite cloche, un tintement métallique significatif. Une armure, derrière lui.
C'est elle. Ce visage qu'emplit mille grâce, mais qui est ponctuée par un sourire, qui à lui seul souligne toute la perfidie de son être. Vêtue de sa simple armure – noir écarlate, armée de son arme fétiche : un katana à la lame aussi tranchante qu'un rasoir, que manie cette main de fer, empoignant la garde en ivoire. « Tu rends visite à tes vieux amis ? » Demande-t-elle, avec un amusement sournois.
Malkait demeure silencieux, les poings serrés, le coeur palpitant, ses esprits s'étendent et se perdent. Elle est pleine d'assurance, et comme elle l'a si bien devinée, ce n'est pas un guet-apens, il est seul, cette nuit, dans ce cimetière désert. Elle disparaît, ou pas vraiment, Malkait connaît ce stratagème, mais ça ne lui servira pas. Il est projeté en avant par un violent coup de pied, manquant de peu de se fracasser le crâne sur une pierre tombale. Il l'entend s'approcher, du coin de l'oeil il la voit, elle veut flanquer son genoux entre ses omoplates. Une roulade parfaitement orchestrée, accordée par des réflexes hors du commun. Malkait se défait de l'emprise de la vampire un instant, mais à quoi bon ? Un autre coup de pied, et il atterrit dans la cavité qu'il avait commencer à creuser. En moins d'une seconde, la redoutablement belle jeune femme a dégainé son arme, et trancher le cuir de la ceinture de l'elfe. Un tourbillon, puis sa ceinture, son symbole bénit s'envolent loin, trop loin. Ses pensés filent à toute allure dans sa tête, il ne songe presque plus au présent, mais la vampire a la charge de le ramené à la raison : le saisissant par le col, elle le projette sur un monticule de terre non loin. S'approchant de lui, elle assène un coup de poing puissant qu'il parvient de justesse à éviter, avant que la poussière soulevée ne l'éblouisse.
« Tu es rapide Malkait, ton instinct ne te trompe pas. Mais il n'y a pas d'échappatoires. ». Les paroles de la créature des ténèbres sifflent longtemps aux oreilles de Malkait, comme si elle seule à présent était juge de sa vie. Mais pourtant, il ne s'y résoud pas. « C'est ce qu'on verra ! » Lance-t-il vaillamment. Ses abdominaux s'étaient contractés sitôt qu'il avait prononcé son plaidoyer, mais pourtant aucun coup ne vint. Au lieux de ça, la vampire le fixait avec son regard écarlate. Les yeux dans les yeux, un seul sentiment transparaît là : une haine incommensurable. Cette haine, qui lui coûtera sans doute la vie, ce soir, songe-t-il. Presque hypnotisé, il ne voit pas venir le gant de fer qui vient le saisir par la gorge pour le lancer d'une force insoupçonnée contre les grilles d'une crypte. Le fracas métallique résonne, mais n'a pour seul réponse que son écho. L'endroit est définitivement désert.
Contraint sous l'étreinte de la vampire, un violent coup dans l'entre-jambe le ramène à la dur réalité. La douleur est fulgurante, il voudrait se plier en deux, hurler sa douleur, mais rien de tout ça ne lui est possible, il se contente d'une grimace, son visage se tordant de douleur. Reprenant peu à peu de sa vigueur, par un geste inconsidéré qui a le mérite de soulager un peu sa peine, il crache au visage de sa tortionnaire, qui malheureusement prend un malin plaisir à se délecter de sa salive. Peu après, toujours à une vitesse fulgurante, trouvant du temps là où il n'y en a pas, elle fiche l'un de ses traits qui siège dans son carquois dans la cuisse gauche de Malkait, lui arrachant un nouveau cri de douleur. Muée par un esprit définitivement malsain, la créature de la nuit fait tourner la flèches dans la plaie, pour accroître la souffrance de sa victime. Haletant, sale et éprouvé, le disciple Sigmarite trouve encore la force de lancer haut et clair :
«- Le divin courroux s'abattra sur toi, créature impie. Sigmar reprendra ses droits sur toi Hélène !
- Oui, bien sûr, mais Sigmar m'a-t-il seulement garder loin de ses terres ? Il m'accueil, puisque je suis là, ce soir, c'est qu'il est impuissant face à moi ! Mon amour tu t'es engagé sur une voie qui te mènera à ta perte Réplique-t-elle avec ardeur, le visage déformé par une mimique meurtrière.
-Ton heure viendra bientôt chienne des ténèbres ! »
Un puissant coup de poing vient encore lui être assené, cette fois-ci, dans l'estomac, il ne manque pas de souiller le cimetière avec son dîner. De nouveau haletant, il se relève à moitié, raclant sa gorge, Malkait envoi de nouveau un puissant mollard qui vient se loger tout contre la bouche d'Hélène. La salive est mêlée à présent au sang et à ses ultimes relent de vomie. Cette fois-ci, elle l'essuie d'un revers de main, avant de saisir une seconde flèche, et de répéter l'opération précédente dans l'autre cuisse. Le cri de Malkait perce encore une fois l'obscurité, ne trouvant pour réponse que son écho.
« Et maintenant... ». Sans vouloir se l'avouer, Malkait attendait intimement ce moment. Son ancienne femme, et à présent sa pire ennemie sortait son arme fétiche, l'arme était d'un magnifique ouvrage, mais l'homme n'en avait pas cure. Non ! Rugit-il intérieurement, ce soir ne serait pas son soir. A genoux, épuisé, il réunit ses ultimes forces pour tenter de renverser la situation à son avantage. Rabattant sa cape, il mis en jeu son joker. Le pieux d'argent, surprise, elle n'eut pas totalement le temps de l'esquiver. Acérée, la pointe sa flanqua dans son bras, le transperçant et le brûlant. Le cri strident de la vampire n'avait d'égale que le toussotement d'une banshee, lâchant son arme, elle disparue dans la nuit, fondue dans sa forme animale.
C'était finit, le pieu encore serré dans sa main, l'arme de la créature de la nuit un peu plus loin, il était à bout de force. Ne parvenant plus même à murmurer le moindre appel à l'aide, ça aurait été vain de toute manière. Il s'en remettait à la bonne grâce de Gonghar à présent, son sang se répandant sur le sol humide. Ses voeux furent exaucés, il entendit quelqu'un prononcer son nom. « Malkait ? ». La Sigmarite semblait inquiète, jetant des regards inquiets tout autour d'elle, ne s'approchant de Malkait qu'avec d'infinies précautions. La boucle en or de sa ceinture luisait, et la lueur n'avait de cesse de croître à mesure qu'elle s'affairait tout autour de lui. Il se sentit quitter son corps, une sensation étrange qu'il avait déjà éprouvé, lorsqu'elle retira les deux flèches, l'une après l'autre. Mais plutôt que de rejoindre la lumière, et apparaître dans un fracas au côté de Sigmar, une nouvelle douleur foudroyante transcenda tout son être, aux abords de ses blessures. La douleur ne dura qu'un instant, avant de laisser place à un réconfort complaisant, une douce chaleur l'habitant peu à peu.
Ramassant l'arme que la vampire avait laissé dans son sillage, Malik, accompagné de la disciple Sigmarite retourna à la cathédrale, pour y trouver une nuit de repos bien mérité.
Elle était autrefois sa femme, sa douce hélène à la peau couleur pêche. Dorénavant, elle n'est plus qu'une enfant des ténèbres une bête sans coeur à la peau blanchâtre.
'' Hélène ma douce Hélène n'est plus, celle qui au creux de mes bras aimait tant se réfugier. Elle qui trouvait toujours les mots pour me réconforter. Un soir la nuit la prise pour ne plus jamais me la redonner. Hélène ma douce Hélène n'est plus. "