Ecrite ce soir.
"Cela faisait si longtemps que je n'avais pas ressenti cette sensation.
Cela faisait si longtemps que je ne m'étais pas dressé face aux ennemis du royaume pour les renvoyer dans l'au delà.
Un serviteur me tend un heaume doré, lentement je l'enfile. J'attache la jugulaire. Je tends le bras droit et un autre serviteur me tend mon bouclier. Un rempart de la taille d'une porte, gravé de runes argentées. Je tends le bras gauche et un troisième valet me tend mon arme, une énorme faux, avec une lame d'une taille démesurée. Presque quatre-vingt centimètres. Je dois être le seul à arriver la manier à une main. Paré de mes attributs je me dirige vers la sortie alors que des trompettes accompagnent mon retour. Les deux lourdes portes de bronze s'ouvrent et je me dresse droit devant mon souverain.
A ma droite se trouve Ankhri, le Colosse. Son énorme hache à deux mains sied entre ses jambes. Cette arme m'a toujours impressionné. Même en y mettant toute ma force je n'ai jamais réussi à la soulever assez pour l'utiliser correctement. Et à chaque fois j'ai droit au rire d'Ankhri qui se moque de moi. Et je ne peux rien faire, il est plus grand que moi d'au moins quarante centimètres, et plus large d'épaule d'une vingtaine de centimètres. Je me tais et le regarde. Ce monstre de force brute qui a déjà détruit un char d'un seul coup, réduisant équipage, montures et carriole en un tas de débris et de chair sanguinolente en une fraction de seconde.
Un léger coup d'œil à gauche me montre que Nefir est également là. Nefir l'Assassin. Capable de se bouger à une vitesse qu'on penserait impossible pour un géant de deux mètres quatre-vingt dix. Deux tonfas aux lames extérieures aiguisées à l'extrême luisent dans ses mains. Nefir, capable de disparaître et de réapparaître dans mon dos avant que j'esquisse un geste. Celui qui est surnommé à juste titre "La Tornade du Désert". Il se meut si vite que les balles passent sans le toucher et qu'il a attaqué avant que son adversaire n'ait eut le temps de dégainer.
Ankhri, Nefir et moi-même, Karah. Nous trois nous formons La Triade de Steput. Notre nom fait trembler de peur ceux qui nous attaquent et galvanise nos alliés.
Aujourd'hui nous somme tous présents, l'ennemi est proche. Aux portes même de la cité. Notre devoir est de l'empêcher d'aller plus loin. Notre roi nous fait un signe du regard, nous comprenons et sortons sur le balcon. L'ennemi est juste en dessous de nous. Quelques derniers groupes de soldats tentent d'arrêter ces humains marqués de tatouages difformes et chevauchant de grandes montures.
Soudain nos soldats battent en retraite. L'ennemi à ses trousses, ils ne tiendront pas longtemps. Nefir saute en avant, il tourne deux fois sur lui même pendant son saut, il ressemble alors à une tornade de sable. Il s'abat impitoyablement sur le premier cavalier. L'homme ne l'a vu qu'au dernier moment. Le choc de l'attaque brise les jambes du cheval alors que son cavaliers est coupé en quatre. Les deux tonfas ont été les premiers à goûter au sang de l'ennemi. Ce sont toujours les premiers, saleté de Nefir.
Nous sommes à présent à ses côtés. L'ennemi hésite, nous ne somme que trois mais nous mesurons tous deux fois leur taille ou presque. Du haut de ses trois mètres cinquante Ankhri les toise. Comme pour les inviter au défi. L'un d'entre eux y répond, il harangue son cheval et attaque. Lance baissée pour empaler quiconque se mettra sur son chemin.
Nefir est sur son chemin. Il saute en avant et effectue un salto. Lorsqu'il retombe les tonfas ont reçu encore plus de sang et le cavalier a perdu ses deux bras. Le cri de douleur qu'il pousse m'arrache un sourire. Quels faibles ces humains. Ankhri laisse alors retomber sa hache, tranchant en deux le cheval et l'homme sans distinction.
Je regarde à nouveaux ces humains, ils sont terrifiés. Mais ils ne reculent pas, une icône marquée d'une étoile à huit branches est brandie par un membre de l'unité. Ce doit être pour ça qu'ils ne bougent pas. Mais quel ennui. S'ils n'attaquent pas, attaquons.
Ankhri court droit devant lui, les cavaliers le fuient, laissant un pavé de fantassins à la merci de sa fureur. Les deux premiers sont écrasés par ses jambes. Il lève les bras. A la retombée c'est le sang de six morts de plus qui vient abreuver le sable de notre cité.
Nefir est apparu au milieu des cavaliers médusés, et la moitié de l'unité a péri sous ses coups avant de pouvoir réagir. Malheureusement pour eux, à ce moment là il était déjà loin.
Apparemment nos adversaires ont compris que l'immobilisme n'était pas une solution. Un groupe de fantassins se rue vers moi. J'ai à peine le temps de les compter qu'ils arrivent sur moi. Ils sont trente-deux. C'est raisonnable.
Je baisse mon bouclier, les lourdes plaques absorbent les coups qui me visent. Tenant ma faux au bout du manche je tourne sur moi-même tout en tendant mon arme. Dix-huit cous sautent sous ma lame. L'un n'est coupé qu'à moitié. Le sang jaillit à gros bouillons alors que l'homme pleure. Il mourra à petit feu, tant pis pour lui.
Un survivant se rue sur moi, je lui fracasse la tête sur mon bouclier. Il tombe. Plus que douze. Ils sont figés, ils n'avancent plus. Plus aucun geste. Ils implorent ma pitié ? Si seulement ils savaient que ce mot n'a pas de signification pour moi. Deux coups de plus achèvent les faibles hommes.
Un dernier arrive dans mon dos je ne l'avais pas vu. Une énorme hache prête à me démembrer.
Un Léviathan de sable s'abat alors sur l'homme. Nefir jaillit de sous le sable et décapite l'infortuné. Il me lance un regard complice. Je plante mon bouclier dans son dos tout à coup. La lance d'un cavalier vient s'y ficher, Nefir se retourne et l'exécute sans autre jugement. Nous rions alors, d'un rire rauque et sans vie. Nous venons de nous sauver la vie mutuellement, et nous nous en amusons.
Ankhri continue de répandre la parole de la mort et de la destruction. Un cercle de vingt mètre de diamètre où règnent les cadavres et les morts est autour de lui. Personne n'ose s'approcher de ce monstre.
Un homme plus grand que les autres sort des rangs. Il porte une armure d'un noir de jais. Aussi sombre que les ténèbres. Il se dresse face à Ankhri. Nous sentons les adversaires de valeur, et celui ci en est un. Capable de nous battre, un par un. Mais il périra comme les autres.
Là bas le combat commence alors que nous nous dirigeons vers lui. L'homme fait un bond sur le côté pour éviter une attaque verticale du Gardien de la Cité. Il attaque alors, perçant la garde du membre de la Triade. Son épée résonne contre les os à vif. Le temps qu'Ankhri se retourne et il est dans son dos, il s'apprête à viser la colonne vertébrale. Je lance mon bouclier avant qu'il ne porte son coup. Le bouclier rebondit sur le dos du gardien et lui sauve accessoirement la vie. L'autre se décale sur le côté pour taper. Erreur fatale, Nefir tombe du ciel et ouvre son armure en deux. L'homme recule d'un pas, il est à portée de ma faux. Qui s'abat sur lui et le tranche en deux au niveau de la taille.
C'est le problème de ces hommes d'honneur, ces champions, ces héros ; ils se battent seuls. En un contre un. Nous nous battons à trois. Toujours à trois, qu'ils soient un ou mille en face.
Devant l'échec de leur chef tous s'enfuient, ils essayent de nous échapper. Mais nous ne sommes que les défenseurs. Notre roi et ses troupes les attendent de l'autre côté des dunes. Le marteau s'abat sur l'enclume et nous les broyons d'un seul coup.
Aujourd'hui encore la cité est sauvée, et elle le sera tant que nous serons là pour nous réveiller lorsqu'elle sera en péril. C'est à dire pour l'éternité. "
Cacahuètement.
Hugo.