"Le soleil brillait. Un rouge-gorge virvoltait dans la brise fraîche du matin. Il aimait s'envoler haut sans le ciel, là où les humains ne pouvaient pas l'attraper. Hors de portée de tout. Le frêle volatile se posa sur la plus haute branche d'un chêne. Il observa les alentours avant de repartir. "Sans limites aucunes." pensait Jacques en l'observant. Le pauvre paysan soumis à ses maîtres aurait bien voulu être comme cet oiseau. Il soupira et entra dans le sous bois, chargé de son fagot de bois. Il ne remarqua pas la forme encapuchonée qui se glissa derrière lui.
Quelques dizaines de mètres plus loin Jacques posa son chargement pour souffler un peu. Il sortit une pomme de sa besace et commenca à manger avidement. Il avait à peine croqué dans le fruit juteux qu'une fléchette se planta dans la pomme, qui pourrit immédiatement. "Du poison !" s'exclama Jacques. "Qui est là ?" Il se saisit d'un bout de bois traînant par terre. Il s'assura une bonne prise et se mit en garde. "Qui est là ?" répéta-t-il. Le sol se mit à trembler sous ses pieds. Le paysan recula brusquement. Un gobelin armé d'une énorme foreuse jaillit alors de sous terre. Jacques tremblait, un gobelin... cela voulait dire qu'il devait y en avoir d'autre, les gobelins attaquaient toujours en masse. Il jeta un rapide coup d'oeil aux alentours, mais aucun signe de vie. "Il doit être seul." pensa Jacques. Le gobelin le fixait toujours de ses petits yeux haineux.
Jacques se rua sur le gobelin, celui ci n'avait pas commencé à bouger que déjà Jacques portait son premier coup. A sa grande surprise le gobelin para le coup avec des protections aux poings. Il attrapa l'arme du paysan qui résista. Le peau verte lâcha soudainement prise et se glissa derrière l'humain. Avant que Jacques ne se retourne il avait ses deux tendons d'Achille tranchés nets. Il s'effondra en hurlant de douleur. Le gobelin sauta alors sur son dos et lui planta une longue lame au travers du coeur. L'assassin retira la dague du corps sans vie du paysan bretonnien et dit au corps sans vie : "Fô jamé sous-estimé Scarchich !" Puis il cracha sur le cadavre. "Bon fô allé prévenir le chef que gé trouvé le premié village."
Deux jours plus tard, dans le château du Duc de Quenelles un débat s'envenimait. Godeffroy de Guérances et Jean de Castelhaut divergeaient d'opinion.
" - Nous devons sortir combattre les peaux-vertes ! En allant à leur rencontre nous éviterons des morts inutiles chez nos gens ! disait Godeffroy.
- Nous ne savons pas combien ils sont ! Nous n'avons aucune idée de leur tactiques d'approche, peut-être sont-ils à même de tous nous tuer en une seule vague ! répliquait Jean.
- Et tu les laisserai détruire tous les villages du duché jusqu'à ce qu'ils échouent au pied d'un quelconque château.
- C'est une possibilité.
- Que je me refuse d'accepter. Je vais lancer un appel à tous les chevaliers volontaires pour venir avec moi affronter la horde !
- Autant de braves chevaliers que tu envoies à la mort !
- Tu y envoies dix fois plus de gens. lâcha Godeffroy sur un ton de dégoût."
En sortant du château du duc Godeffroy pressentit qu'il ne reverrait peut-être jamais cet endroit. Il pria un court instant pour tous les membres du château et fit demi-tour direction son propre château.
"Jean est fou ! Si on le laisse faire nous n'aurons plus de serfs avant l'automne." criait Godeffroy une fois rentré chez lui. Il se tourna vers René du Gard, son ami et chef de la garde de son château. "Rassemble tous nos chevaliers, passe un appel pour les volontaires à la croisade, nous partons dans deux jours combattre ces vermines de peaux vertes."
Le surlendemain plus de deux cent chevaliers galopaient en direction de la dernière position connue de la horde ennemie. Au devant d'elle chevauchaient plusieurs grands noms, Godeffroy de Guérances, Edouard d'Empenin, Louis de Violentes, tous de grands chevaliers qui avaient prouvé leur valeur sur bien des années et bien des combats.
Au bout de trois jours de recherches dans le royaume les chevaliers eurent confirmation que l'armée Orque était en marche non loin d'ici, et qu'elle se dirigeait vers les chevaliers. Le paysan leur ayant donné ces renseignements leur confirma que les peaux vertes étaient à une heure de marche.
L'armée entière mit pied à terre et pria la dame, pour la dernière fois pour certains. Alors qu'ils se relevaient de la prière Godeffroy donna ses ordres aux principaux chefs de sa levée.
"Edouard tu dirigeras le premier contingent tu chevaucheras à ma droite. Légèrement en retrait, une fois que nous aurons engagé l'ennemi tu le contournera et frappera son flanc. Louis tu exécuteras la même manoeuvre à ma gauche. Enfin René prendra le commandement du dernier contingent et frappera comme une seconde vague, juste après moi. Messires, pour la Dame et pour le Roy ! Faisons payer ces peaux-vertes !"
Un cri d'approbation générale lui répondit.
L'ost Bretonnien se rassembla sur une colline surplombant l'armée Orque. Ce fut alors qu'ils virent la taille de l'armée de leurs ennemis. Plusieurs milliers d'Orques et Gobelins se pressaient vers le nord, ils étaient au moins vingt fois plus nombreux que les Bretonniens. Au devant marchaient des trolls et deux géants. Mais il était trop tard pour reculer. Un regard aux chevaliers fit comprendre à Godeffroy qu'aucun ne fuirait. Alors, silencieusement, sans un bruit, les hommes chargèrent les arrières des peaux-vertes. Les Orques les repérèrent trop tard, au moment de l'impact un cri de guerre jaillit de toutes les bouches Bretoniennes.
Le fer de lance s'enfonça profondément dans les rangs Gobelins qui formaient l'arrière garde. Edouard d'Empenin et Louis de Violentes enfoncèrent les flancs. La charge bretonnienne était admirable. Les lances perçaient boucliers et armures avec facilité. Les frêles gobelins ne pouvaient pas rivaliser avec les géants cavaliers qui fendaient leurs rangs. Godeffroy s'arrêta un instant, tira les rênes de son cheval pour qu'il se retourne. Deux chevaliers étaient mis à mal par une bande d'Orques. Godeffroy abaissa sa lance et chargea ! Il empala un peau-verte sur sa lance et tira son épée de son fourreau. Il tua les deux premiers Orques à portée de moulinet. Son cheval se cabra devant un archer qui tentait de l'aligner. Les lourds sabots du cheval écrasèrent la cage thoracique de l'Orque. Derrière lui les deux chevaliers se débarassaient du dernier Orque.
"Merci Sire." dit l'un d'entre eux à Godeffroy.
Godeffroy hocha la tête en signe de compréhension. Il récupéra sa lance et désigna un corps à corps plus loin, des trolls et des chevaucheurs de Sangliers avaient rejoint les combats. Godeffroy leva sa lance vers le ciel, une quainzaine de chevaliers se rassemblèrent autour de lui, dont Florian de Guérances, son porte étendard et fils. La bannière de Guérances flotta haut dans le ciel de Quenelles, et les chevaliers s'élancèrent vers la cavalerie Orque. Les Orques étaient plus grands, plus forts, mais les Bretonniens avaient pour eux la discipline et une cavalerie inégalée dans tout le vieux monde. Les deux camps se rencontrèrent, les longues lances des bretonniens jetant plus d'un Orque à terre. Mais le nombre jouait contre eux. N'importe quel chevalier valait bien dix Orques mais pour chaque Orque tué cent autres prenaient sa place.
Edouard chevauchait aux côtés de Godeffroy lors de la charge. Il brisa sa lance en rencontrant le lourd bouclier d'un Orque Noir, la lance et le bouclier volèrent en éclat. Il dégaina immédiatement son épée, il fit sauter la tête de son ennemi d'un revers sec. Il fit demi tour et chargea à nouveau, avec les survivants de la première charge, alors que les Orques ne s'étaient pas encore retournés. Il planta son épée dans le dos d'un Orque et coupa le bras de celui qu'il rencontra après. Godeffroy multipliait également les prouesses martiales, il devait avoir tué plus d'une trentaine d'ennemis quand un troll vomit sur son cheval, la pauvre bête mourut instantanément sous l'effet corrosif de la bile de Troll. Godeffroy se releva néanmoins et bondit sur le monstre. Il était trop rapide pour que le troll réagisse, mais chacun de ses coups se guérissait à peine avait-il fini de le porter. Edouard voyant ceci ramassa une lance fichée dans le sol et galopa en direction du monstre. Il enfonça la lance dans le coeur du Troll. Celui-ci gémit en essayant de retirer l'arme bloquée dans son torse. Godeffroy saisit l'occasion pour lui trancher la tête.
Mais malgré tout ceci les chevaliers mourraient les uns après les autres, Godeffroy vit son fils mourrir sous les coups d'une dizaine d'Orques. Il ne savait quoi faire... Un coup violent le rappela à la réalité, son bras se brisa sous la force de l'impact. Un autre coup à la tête le fit chanceler. Se relevant tant bien que mal, le seigneur de Guérances regarda son adversaire dans les yeux, un Orque énorme, qui faisait presque trois mètres. Il maniait un énorme marteau. Godeffroy sentit un goût étrange dans sa bouche, du sang. Il sourit, il voyait flou. Dans un dernier effort il se jeta sur l'énorme Seigneur Orque, son épée prit la direction de la tête de son ennemi. Il allait réussir... Mais le peau-verte ne l'entendait pas de cette oreille, d'un coup de marteau il envoya Godeffroy voler à plusieurs mètres, plusieurs côtes cassées. Mais malgré ceci il se releva. Le Boss Orque le regarda et lui dit :
"K'ek'tu fé ?"
"Je mourrai en regardant mon ennemi dans les yeux."
"Toi té un vré guerrier !"
Et le lourd marteau de guerre s'abbattit sur le crâne de Godeffroy.
Edouard avait réussi à s'échapper de la mêlée, les huit derniers survivants de l'Ost Bretonnien s'enfuirent prévenir le Roy de ce qui se passait.
Les Bretonniens s'étaient battus courageusement mais malgré le fait qu'ils aient infligé plus de huit cent pertes aux Orques celà ne suffirait pas à arrêter la horde.
Cacahuetement.
Hugo.
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